Parier sur l'avenir agricole avec le semoir à dents Sprinter ST Horsch

Horsch

Parier sur l'avenir agricole avec le semoir à dents Sprinter ST Horsch
lundi 9 mars 2020Description

Nous vous proposons de découvrir le témoignage de M. Jean-Luc Didier, agriculteur en Haute-Marne. Il porte un regard pragmatique sur l’agriculture d’aujourd’hui et applique, sans dogmatisme, les solutions économiques et agronomiques qu’il estime justes pour la bonne tenue de son exploitation. « Je ne veux pas être péremptoire ! » Son modèle se base sur ses propres expérimentations et n’est pas toujours transposable, notamment sur les exploitations ayant des terres à fort potentiel. Son système complet tourne autour d’une motivation profonde : la diminution radicale des coûts de production. Le Sprinter ST est devenu l’outil clé de son système cultural depuis 2005. « Ce n’était pourtant pas gagné d’avance ! J’étais dubitatif ». M. Didier a accepté de nous rencontrer pour partager son raisonnement.

Un contexte pédoclimatique difficile et des contraintes géographiques


La structure repose sur deux fermes principales éloignées de 50 km, avec des conditions climatiques similaires. Chacun possède son stockage sous forme de cellule et à plat en cases. En parallèle, Jean Luc Didier exerce une activité d’ETA. Les terres sont radicalement différentes entre les deux fermes. 65% des terres sont superficielles sur le plateau du barrois avec plus ou moins de cailloux. La profondeur des sols varie de 10 cm à 30 cm et le taux de pierres peut monter jusqu’à plus 50%. 25% sont des terres argileuses hydromorphes drainées et les 10% restants sont des limons argileux sains. Certaines des terres sont parfois composées à 60% d’argile, y compris dans les terres caillouteuses. En termes de pluviométrie, il y a parfois des différences de 200 mm entre chaque site, pour une moyenne de 950 mm par an, principalement en automne et en hiver.

« Taux d’argile élevé, terres hydromorphes, parfois très superficielles, parcelles éloignées… les conditions sont loin d’être idéales, d’autant que certaines parcelles sont également très raides – jusqu’à 100 mètres de dénivelé - et que les aléas climatiques récurrents de ces dernières années impactent grandement les rendements et la qualité des cultures. Pour vous donner un ordre d’idée, et comme bon nombre d’agriculteurs français, nous avons subi en 2019 une rude sécheresse durant 3 mois et un automne particulièrement humide : nous avons essuyé 392 mm en l’espace de 3 mois ! » expliquer M. Didier

Une histoire qui conditionne les premiers choix matériels


Jean-Luc Didier s’est installé en 1995. La ferme qu’il cultive est en Techniques Culturales Simplifiées, c’est-à-dire sans labour, depuis 49 ans (1971) à cause des cailloux, de l’argile et des temps de travaux. Il a saisi l’opportunité d’augmenter la taille de la ferme de 75% en 2005. Afin que le modèle économique soit rentable, il était nécessaire de réorganiser l’ensemble du parc matériel. « Il y avait beaucoup de doublons, notamment une herse rotative de 4 m, une autre de 6 m, un semoir de 6 m et un autre de 8 m soit 4 semoirs en tout. Il était évident que je devais faire des économies de matériel. J’ai donc revendu 34 machines en tout et en ai racheté 17, certaines d’occasion. »

A l’époque, le chef d’exploitation était tourné vers un modèle intensif et une culture de céréales typique de la région : colza, orge d’hiver, blé d’hiver. Il fallait rationnaliser les achats de matériels, ne pas surinvestir sans pour autant perdre en qualité de semis.

« Je cherchais un semoir de 6 mètres capable de semer parfaitement dans des sols hétérogènes, sans changement de réglages et rapidement. Il devait en effet faire le travail de 4 semoirs – en qualité et en polyvalence - et garantir la même qualité d’implantation des céréales en terres hydromorphes qu’une herse rotative. Il était également hors de question que je subisse des pertes de rendements à cause de mon semoir, lorsque les conditions de semis et météorologiques étaient au beau fixe. Enfin, le coût de fonctionnement devait idéalement se rapprocher de celui d’un vieux semoir Nodet. A l’époque, aucun semoir sur le marché ne correspondait à ma recherche. Je n’étais pas client HORSCH en 2005. La fraise ne m’intéressait pas. Je la trouvais trop compliquée, c’était selon moi un gouffre énergétique, sans débit de chantier. Je n’étais pas non plus acheteur du Deltasem CO dont le concept n’était pas abouti. En effet, j’aimais beaucoup le principe de semis avec une dent, mais celle du Deltasem CO était montée sur un double ressort, avec beaucoup de pièces mobiles. Lorsque le Sprinter ST est arrivé sur le marché, j’ai compris qu’il pouvait répondre au moins à une de mes attentes : limiter à l’extrême le coût de fonctionnement et le coût d’implantation, notamment grâce à son système de FlexGrip. Il fallait également me rassurer. Quand Michael Horsch m’a expliqué que beaucoup de Deltasem CO étaient vendus en Angleterre et que les clients arrivaient à atteindre des rendements de 100 quintaux en blé, je me suis décidé. C’est ce qui a fait basculer mon choix. Mon parc matériel me permet désormais d’utiliser uniquement 1,9 ch par hectare, pulvérisation comprise malgré les distances et les fortes pentes. »

Douter de la polyvalence du semoir à dents sprinter


Le choix n’était pas évident pour M. Didier. Le changement de modèle économique et de matériel le menait vers l’inconnu. « J’étais dubitatif car il fallait que je remplace une herse rotative semoir, qui, dans l’esprit agricole, est la solution ultime quand plus rien ne va. Elle permet de faire des semis en effet dans des conditions difficiles. Dans les faits, j’ai gardé la première année la rotative de 4 m au cas où. » L’exploitant s’amuse à raconter l’anecdote suivante : « Il fut une année où j’ai semé début novembre des blés derrière tournesol dans des conditions très humides, avec une fenêtre très étroite sans pluie. Pour pouvoir semer avec le tracteur jumelé, je relevais l’avant du semoir pour que le tracteur ne patine pas dans les montées. Je maintenais ma vitesse d’avancement de 15 km/h. Il me fallait semer 60 hectares en 1 jour ! A la levée puis à la récolte, je me suis rendu compte que j’avais fait un travail au minimum identique à la herse rotative semoir. Je me suis rendu compte également qu’à partir du moment où on garde une vitesse élevée du Sprinter ST et qu’on maintient l’éclatement de la terre, on ne compacte pas le fond du sillon et on favorise la perméabilité du sillon et la captation de l’humidité par les plants. C’est ainsi que j’ai vendu la dernière herse rotative de l’exploitation. »

Un semoir à dents Horsch qui s’avère économe


« Le Sprinter ST est une machine économe pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est un semoir à dents. J’estime que ses socs s’usent moins vite que des disques. Ses dents sont rigides et sont donc moins sujettes à l’usure. Les roues des nouveaux modèles sont suffisamment dimensionnées pour soutenir le châssis et ne nécessitent pas de changements intempestifs. Sur le premier modèle, j’ai changé la talonnette du Soc Duett au bout de 6000 ha seulement. Et sur les nouveaux modèles, l’angle d’attaque de la dent a dû être changé car je n’ai plus ce besoin de changer la pièce. J’en suis au troisième Sprinter. Le premier a été changé pour avoir une double trémie et respecter les normes de transport sur route, le deuxième pour être en conformité sur les normes de freinage et pour répondre à l’inconvénient majeur de ce semoir : le besoin de puissance. Sur le dernier modèle, il y a deux dents en moins ce qui est un atout non négligeable pour limiter le besoin de puissance. Aujourd’hui, je suis à une moyenne de 7 l de GNR/ha au semis avec le soc Duett » détaille Jean Luc Didier.

Outre l’aspect purement mécanique qui rend l’appareil économe en entretien et en carburant (équipé en pointes fines), le semoir est également un atout d’un point de vue main d’œuvre et logistique. « La machine est suffisamment simple à régler et robuste pour qu’elle puisse être prise en main rapidement par un saisonnier. Il suffit juste de positionner des cales pour régler l’aplomb de la machine et la profondeur de semis. » Également, le respect du gabarit routier lui permet de gagner du temps entre ses deux fermes les plus éloignées et de ne pas mobiliser une voiture ouvreuse et un salarié supplémentaire. La grande capacité de la trémie, de 5000 litres, permet de limiter les aller retours sur l’exploitation. « Il était nécessaire d’optimiser la gestion du temps de ce point de vue, car il fallait emblaver plus de terres, avec moins de matériel et moins de personnel. A ce titre, le dimensionnement supérieur des roues sur le dernier Sprinter est appréciable.» explique l’exploitant.

De nouveaux questionnements sur l'utilisation des semoirs


A l’époque, les contraintes principales pour l’utilisation d’un Sprinter étaient simples : avoir un sol ferme, rappuyé et nivelé. Mais de nos jours, de nouvelles problématiques apparaissent. Il faut désormais que le semoir soit en mesure de passer également dans les débris végétaux et les couverts.

« Je suis conscient depuis 5 ans que nous sommes dans une rupture de la conception de notre métier. Il va nécessiter une forte capacité d’adaptation à cause de la pression sociétale, de la réglementation environnementale contraignante, des problématiques techniques insolubles comme le salissement des sols, la pression des insectes, la disparition de molécules, l’absence de nouveautés, la remise en cause du glyphosate. J’étais persuadé depuis 1 ou 2 ans que le glyphosate serait toléré en agriculture de conservation, en attendant l’apparition d’une nouvelle molécule. Ce n’est donc pas un élément qui a fait basculer ma prise de décision concernant un nouveau mode de production, mais un faisceau qui me fait choisir une nouvelle direction. Dans nos régions, dans nos climats et dans les terres particulièrement sèches, je pense que nous allons nous diriger vers une agriculture extensive, et c’est le modèle que j’ai fini par choisir. »

Selon Jean-Luc Didier, cela suppose la mise en place des cultures qu’il qualifie d'« exotiques » : « Elles ne sont pas fondamentalement adaptées à nos conditions pédoclimatiques, mais nécessaires dans un schéma plus extensif. Le pois n’est pas adapté dans les terres à cailloux. L’avoine, le lin et le tournesol sont hyper sensibles à la sécheresse. Le maïs n’aime pas les cailloux ni les terres hydromorphes de printemps ou d’automne. Le soja redoute la sécheresse d’été et ne peut être récolté que tard à l’automne. Mais chaque plante a son rôle à tenir dans le « nettoyage » des parcelles et l’équilibre des sols. Le colza peut être maintenu, même si c’est une culture dite intensive, mais il doit faire partie intégrante d’une rotation plus longue qui inclut des variétés cultures de printemps. En ce moment, je fais du colza, du soja, du pois de printemps, du lin oléagineux, du tournesol, du blé d’hiver et de printemps, de l’orge d’hiver et de printemps. Désormais, je considère qu’il faut être prêt à perdre un peu d’argent sur des cultures, notamment en perdant du rendement, pour en gagner sur le système complet et sur la rotation. »

Il est aisé de constater que ce modèle d’agriculture plus extensive est une suite logique du raisonnement de M. Didier, tout entier dirigé vers une réduction drastique des coûts. Puisque les rendements sont plafonnés, et puisqu’ils ne sont plus synonymes de rémunération intéressante et constante – excepté en bio à l’heure actuelle – alors le seul levier pour agir sur le Résultat de l’entreprise est le coût de production. « Avec les à-coups climatiques, il devient difficile d’espérer avoir des rendements conséquents. Quand on est dans des années difficiles et à répétition, il faut envisager les choses différemment. Nous sommes également dans une impasse avec l’utilisation des produits phytosanitaires ! On va nous imposer une limitation. Je veux nettoyer les champs pour ne plus être aussi dépendant aux herbicides. Un système de rotation longue incluant un semis décomposé (semis découplé du travail du sol) ou un semis direct est, selon moi, une solution dans nos terres argilo-calcaires à faible potentiel.»

L’utilisation du Sprinter ST dans un système plus extensif


Jean-Luc Didier a revu son système pour le baser sur l’usage des cultures intermédiaires et sur leurs bienfaits en tant qu’engrais verts. Il utilise des protéagineux, de la vesce velue, de la moutarde d’Abyssinie, de la phacélie et, en cas de problème de restructuration, de la féverole.

« Ce couvert est semé derrière la moissonneuse avec le Sprinter ST, directement dans les pailles et notamment dans des terres très caillouteuses. J’ai donc investi dans de nouveaux socs étroits à double sortie superposée. Les petites graines sont semées moins profond que les graines de grand diamètre, comme la féverole. J’opère un semis tous les 28 cm. Nous avons eu des conditions hors normes de semis en 2018 et 2019 : excès de sécheresse en été et excès d’humidité à l’automne. Nous n’avons donc pas encore pu faire de calcul économique. L’objectif, c’était seulement de pouvoir semer. »

« Dans cette configuration, le Sprinter me permet donc de semer un engrais vert qui rééquilibre mes sols. Mes terres sont en effet trop riches en carbone. Cela augmente la réserve utile mais limite l’efficacité de certains désherbants racinaires. S’il y a trop de carbone, c’est qu’il n’y a pas assez d’azote. Il est donc nécessaire d’en réinjecter. Les engrais verts ont cette fonction. Ils fournissent également du sucre, permettent aux bactéries de se nourrir et favorisent la minéralisation de l’humus et ainsi son appropriation par les céréales de printemps. »

Jean-Luc Didier utilise également ces socs pour le semis de colza, ce qui lui permet de gagner en puissance de traction. En revanche, il change de socs pour semer les céréales. « Cette fois-ci j’utilise un autre soc avec sorties côte à côte et une sortie centrale dédiée à l’engrais. C’est le même principe que le soc Duett, mais avec une étrave plus fine et moins profonde. Il nécessite moins de puissance de traction car il remonte moins de terre humide. Evidemment, chaque choix technique comporte son lot d’avantages et d’inconvénients. Ici, le problème majeur est un engrais déposé moins creux et deux sorties de semis trop proches. L’objectif est de se rapprocher d’un semis direct, pour une intervention chirurgicale qui bouleverse moins la terre, afin de garder l’humidité et de limiter les levées d’adventices. »

Un semoir pluriel


Pour conclure, Jean Luc Didier, malgré quelques déboires au tout début de l’histoire du Sprinter et le soutien de l’équipe technique HORSCH, s’avère satisfait de son achat. « J’en suis au troisième Sprinter ST ». Le semoir remplace désormais la totalité de ses matériels de semis, pour un semis sur l’ensemble de son parcellaire, en terres hydromorphes ou très riches en cailloux. Il est utilisé autant en conditions sèches, avec pointes étroites, qu’en conditions humides, avec un packer avant retiré. Il passe toujours aussi bien en terres préparées superficiellement avec un soc fertiliseur ou en socs fins pour ne pas perturber le sol. En socs fins, il est désormais capable de semer en direct dans des chaumes coupés court sans plaquer la paille dans le fond du sillon et sans être gourmand en carburant. Jean Luc Didier ajoute enfin : « J’aimerais cependant que la prochaine version du Sprinter soit adaptée au semis dans des engrais verts très développés. J’ai préféré, au cours de ma carrière, trouver des solutions d’adaptation progressives sans remettre en cause brutalement tout un système qui a montré sa résilience par le passé. Aujourd’hui, face aux changements brutaux en cours et à venir, je ne cherche pas une rupture de mes techniques, mais des évolutions constantes. Et si possible, avec le matériel présent sur les fermes. »

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